Aucun message portant le libellé édifier la société. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé édifier la société. Afficher tous les messages

lundi 21 septembre 2020

La Pandémie Covid-19 - occasion d'étrangler la pratique de la religion?

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

----------------------------------------------------------------

jeudi, le 24 septembre... 18h50....

Eh bien, nous voilà la veille de la rencontre entre les représentants de la Table Interreligieuse du Québec et le Directeur de la Santé Publique demain, vendredi. Vous savez, nous ne le disons peut-être pas souvent mais nous, chrétiens catholiques, nous prions régulièrement sinon à tous les jours pour nos gouvernants. Saint Paul nous l'a fait savoir très clairement que c'est notre devoir de la charité et donc une responsabilité de priere constamment pour ceux et celles qui nous gouvernent et nous servent, nous et nos familles, en vue du bien commun. Alors, si vous ne le faites pas déjà, joignez-vous à nous pour prier de tout notre coeur et de toute notre pensée pour la santé, la prospérité, et la sagesse de nos gouvernant et des membres de la fonction publique au niveaux de notre ville, de notre province, et de notre pays. Ce n'est pas facile de gouverner ni de servir le grand publique, alors c'est évident que nous leur devons nos prières quotidiennes, pour eux et pour elles, mais aussi pour le bien-être de leurs propres familles. Paix à vous et à vos familles.

23 septembre... mise à jour....

Eh bien, beaucoup d'encre et de salive ont été dépensées.... Il y aura rencontre entre le responsable de la santé publique du Québec et les représentants de la table interreligieuse au Québec dans deux jours, ce vendredi. C'est la première fois qu'un membre du gouvernement échangera directement la parole avec des représentants de l'Église catholique au Québec, l'AEQ, l'Assemblée des Évêques du Québec depuis on ne sait quand, mais certainement la première fois depuis les six derniers mois. Pourtant, tel que nous l'a expliqué le Cardinal Lacroix à sa conférence de presse, les évêques ont tenté de parler en direct avec notre gouvernement provincial depuis le début de la Pandémie mais sans succès, sans réponse à aucun de leurs appels, à leurs messages, à toute tentative de communiquer.

La preuve est que le gouvernement il y a quelques jours a unilatéralement décrété la réduction de la limite de personnes pouvant se rassembler pour le culte de 250 à 50 et en zone orange à 25 malgré le fait que les cas de contagion documentés n'ont jusqu'à maintenant pas mis en cause les rassemblements pour le culte dans aucune de nos églises. Si le gouvernement avait tenu compte des mesures mises en place partout au Québec dans les églises, il aurait pu se rendre à l'évidence qu'il n'y a aucun danger de propagation dans les églises elles-mêmes. S'en prendre aux assemblées pour le culte est donc une flagrante injustice et une décision incompréhensible.

Nous reconnaissons avec gratitude le sens de responsabilité sociale dont notre gouvernement fait preuve depuis le début de l'éclosion de la Pandémie de la Covid-19 au Québec. Nous avons écouté avec grand intérêt et assiduité les conférences télévisées du directeur de la santé publique et de ses collègues. Nous sympatisons aussi à la pression sociale qui pèse de nouveaux sur leurs épaules et nous souhaitons continuer de les appuyer en partenaires responsables. Par ailleurs les évêques et toutes nos églises ont été parmi les premiers à non seulement suivre les consignes de la santé publique mais nous les avons même devancées et dépassées en certains détails ou à certains moments.

Nous appelons nos gouvernants à s'en prendre aux véritables foyers de propagation du virus. S'il y a souci que les rassemblements spontanés qui pourraient avoir lieu après certains services religieux; alors mettons-y la cible plus précisément. Déjà depuis le mois de mars nos églises ont interdit de telles rassemblements comme ceux qui pourraient avoir lieu après les baptêmes, mariages, funérailles, confirmations, premiers pardons, et premières communions, et ainsi de suite. Jusqu'à récemment les événements religieux eux-mêmes avaient été retardés indéfiniment. 

Donc depuis le mois de mars il n'y a pas eu ni dans nos églises ni dans nos salles ni à l'extérieur aucun rassemblement, ni planifié ni spontané. Jusqu'au récent déconfinement nos églises étaient des lieux "phantômes" fréquentées seulement par nos prêtres et quelques membres de notre personnel et quelques bénévoles comme pour diffuser les Messes par les médias de communication sociaux. Même pour le déconfinement, celui-ci s'est fait graduellement à tel point qu'il y a des paroisses qui n'ont toujours pas ouvert leurs églises. Nous n'avons que commencé à planifier des célébrations sacramentelles autres que la Messe dominicale ou en semaine comme des mariages et aussi des funérailles. Là où il y a eu des rassemblements ce fut dans tous les cas en suivant avec rigeur les consignes de la santé publique. 

Par surcroit, toute personne qui entre dans nos églises est accueillie par des bénévoles soigneusement formés et qui leur donnent des instructions claires sur les démarches à suivre pour se stériliser les mains, garder une bonne distanciation sociale, emprunter les allées en suivant les flèches indiquant une direction unique, éviter les bancs fermés, prendre place avec distanciation, les membres d'une seule maisonnée pouvant s'asseoir ensembles, garder le masque pour tout déplacement ou pour répondre aux quelques dialogues, et ainsi de suite. 

Contrairement aux bistrots et brasseries, ainsi qu'au restos, les églises n'acceuillent pas des gens parce qu'ils décident spontanément d'y aller ou qui planifient d'y aller de temps en temps. La Messe du dimanche est une obligation et une nécessité de la foi pour les chrétiens catholiques, et est une partie intégrale de leur vie en tant que croyants, comme sans doute aussi pour le croyants d'autres traditions religieuses. La pratique de la foi n'est pas une activité de la vie privée des citoyens mais fait partie intégrante de leur vie sociale, de leur appartenance à notre société. Toute action qui interdit ou rend impossible la pratique de la foi est un sérieux préjudice contre les droits humains et civils de tout citoyen. 

Nous voulons bien coopérer avec nos gouvernants, mais s.v.p. ne prenez plus de mesures qui auraient l'effet de rendre impossible aux citoyens la pratique de leur foi et par le fait même de mettre à mort les églises au lieu de cibler proprement dit les foyers véritable du virus et de sa propagation.

21 septembre, 2020 - 9h30... sous l'effet du choc...       (Plus bas... 13h45... avec un peu de recul...) 

Révision de dernière heure après mûre réflexion à 19h07: Il va sans dire, mais c'est bon de le rappeler, que nous sommes très reconnaissants pour les efforts considérable et le souci sincère de la part de nos gouvernements à tous les niveaux, des fonctionnaires, et de toute personne au service de la population de faire avancer la santé et le bien-être de tous les citoyens. Notamment nous remercions toutes les instances de la santé publique pour leur dévouement au-delà des limites humaines parfois pour leur très grand travail depuis l'éclosion de cette Pandémie au Québec. Donc, pour tout ce que vous avez fait et encore pour tout ce que vous faites et allez faire, UN TRÈS GRAND MERCI! 

Cependant, ils reste que depuis hier ou ce matin nous nous trouvons dans une situation de grande injustice auprès de toute personne qui ose pratiquer sa foi et sa religion. Dans les lignes qui suivent vous pourrez lire ma réflexion mais d'abord voici un lien au communiqué de presse de la part de l'Assemblée des Évêques du Québec livrée ce matin. 

Maintenant continuons avec la première partie écrite ce matin à partir de 9h30.

En considérant les comportements de citoyens dans nos pays démocratiques en occident, où pensez-vous trouver le plus de mépris pour les consignes de la santé publique? Dans les bistrots et brasseries ou dans les églises, synagogues, et mosquées? Après les matchs sportifs à l'évacuation des arénas ou après les services religieux à l'évacuation des lieux de culte?

Aucune sortie d'église catholique n'a produit les émeutes qui ont fracassé les vitrines et saccagé des commerces comme après des matches du Canadien. Aucun service religieux dans les traditions chrétiennes occidentales ne retient les gens plus de 60 minutes contrairement aux restos et brasseries où l'on passe de une à trois heures en moyenne. 

Désormais on ne trouve plus dans nos églises ou salles paroissiales des "mêlées" de gens échangeant leurs nouvelles en prenant un café après la Messe comme autrefois - plus de rassemblements spontanés - ce qui contraste les libertées que se sont données nombre de citoyens par toute la province sur les terrains sportifs ou en toutes circonstances de rassemblements planifiés et spontanés, coincidant avec la remontée de nouveaux cas d'infection de la Covid-19.

J'ose croire qu'aucun rassemblement de citoyens n'a imposé les mesures de santé publique avec plus de rigueur que les assemblées pour le culte dans nos églises depuis le début du déconfinement: stérilisation des mains à l'entrée et à la sortie et aussi avant de recevoir la Sainte Communion; port du masque durant toute la célébration sauf pour consommer l'hostie; distanciation dans les bancs et aussi les déplacements. 

Un de mes amis fait partie du comité de service d'un église protestante et, tôt avant même l'activation du déconfinement, il m'a demandé de lui envoyer les consignes rédigées par le Diocèse de Montréal; car il savait à quel point nos consignes respectent et parfois même dépassent celles de la santé publique. Donc, muni de nos consignes, son église prendrait de l'avance pour le développement de leur propre consignes pour leur déconfinement. 

Pour ce qui est des paroisses catholiques du Diocèse de Montréal, j'ai entendu dire que dans certaines églises on a permis d'enlever le masque une fois assis mais sachant qu'il fallait le remettre avant de répondre aux quelques dialogues durant le service et aussi avant les déplacements.

À partir du sanctuaire, bien distanciés de l'assemblée, le prêtre, les lecteurs, et le chantre enlévent leur masque pour pouvoir se faire entendre clairement, mais remettent le masque avant de s'approcher des gens, comme pour la distribution de la Sainte Communion.

Les servants de Messe ont été bannis du sanctuaire et le prêtre s'occupe de l'autel tout seul, se lavant les mains avant de toucher aux offrandes, et les hosties qu'il distribuera à l'assemblée sont placées à distance pour ne pas être affectées par son haleine. Il stérilise ses mains avant de les toucher pour la distribution de la Sainte Communion et aussi remet son masque. 

Pourtant, les autorités civiles s'en prennent allègrement aux institutions religieuses comme si elles étaient des foyers brûlants de contagion et des lieux de comportements irresponsables et révolutionnaires. Où sont les rapports de délits de la part des églises qui auraient failli de mettre en pratique les consignes de la santé publique? Où sont les données concernant l'infection de membres des églises ou de leur personnel? Quelles sont les églises qui, si elles ont eu des cas d'infection parmi leur personnel ou bénévoles qui n'auraient pas aussitôt mis ces gens en quarantaine? 

Pourtant les gens qui avec grand courage, face à la menace toujours présente de la Pandémie, osent fréquenter leurs églises en ces temps de Pandémie sont tout aussi tranquilles et respectueux des consignes de la santé publique que ceux qui fréquentent les cinémas, qui eux, peuvent continuer d'accueillir 250 personnes sous surveillance. Mais pour les églises, ont a soudainement sévi de façon brutale en passant de 250 à 50 et même 25 la limite pour toute assemblée religieuse. Pourquoi?

Ce n'est pas logique. Comment comprendre ces mesures restrictives qui s'en prennent aux institutions religieuses sans discrimination, sans le moindre effort de faire la part des réalités? Y a-t-il des preuves de surveillance médicale identifiant les églises comme des foyers chauds de contagion? Sinon, pourquoi ces nouvelles mesures restrictives? Y aurait-il un agenda secret et caché, peut-être même à l'insu des autorités civiles ou encore peut-être inconsciemment de s'en prendre à la religion en général?

Ont pourrait facilement comprendre comment des gens pour qui la pratique de la religion serait une chose étrange et incompréhensible pourraient croire qu'à leurs yeux la pratique de la religion serait une relique d'un passé de l'histoire humaine qui ne peut relever que de l'ignorance et la superstition. Il se pourrait même que pour eux, je dirais, la pratique de la religion en général devrait être considérée comme un espèce de rival au gouvernement pour l'attention de la population. Autrement dit, certains pourraient concevoir de la pratique de la religion comme une compétitrice pour le pouvoir en société, comme un obstacle au pouvoir politique, et comme une menace au déroulement efficace des politiques du pouvoir social. 

En chrétienté, et surtout dans la tradition chrétienne catholique, rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Au contraire, les chrétiens ont été parmi les plus dévoués au service du bien commun. Si jamais il y a divergence d'opinion - on peut s'y attendre en toute société humaine - le gens qui pratiquent leur religion (surtout les chrétiens) sont les premiers à servir l'ordre et la paix publiques.

Nous les citoyens de notre pays seraient donc en mesure de nous attendre de notre gouvernement qu'il puisse tenir compte des faits actuels chez tous ceux et toutes celles qui pratiquent leur religion et de s'abstenir de sévir contre les rassemblements religieux dans le but de contenir la hausse dans les cas d'infection à la Covid-19. Les causes de cette hausse sont très certainement ailleurs que dans les églises le dimanche matin ou le samedi après-midi. S'il vous plait, cessez de sévir si sévèrement et injustement contre vos concitoyens qui "ont le malheur" de vouloir pratiquer leur foi et leur religion. 

13h45... avec un peu de recul...

Si vous ne le savez pas encore, eh bien, cher lecteur et chère lectrice, laissez-moi vous assurer que nous, les chrétiens catholiques, sommes des pacifistes. Sous l'effet du choc ce matin j'ai exprimé mon désarroi face aux soudaines mesures restrictives qui s'en prennent notamment aux églises et autres lieux de culte religieux. Ne voyant aucune preuve à l'appui qui aurait pu être fournie par les autorités civiles, je me suis posé plein de questions sur les motifs possibles qui auraient pu pousser ces mesures.

Normalement, la perspective catholique chrétienne est de donner le bénéfice du doute avant de faire des procès d'intentions. À ce point il n'y aurait donc pas lieu de croire qu'il s'agit d'ignorance de la réalité de l'identité ou de la nature ou des comportements des gens qui osent pratiquer leur foi et leur religion.

Ayant mis de côté l'ignorance, nous pouvons aussi, à ce point, mettre de côté la malice, c'est-à-dire, une intention délibérée de restreindre les droits civils des gens qui osent pratiquer leur foi et leur religion.

S'il ne sagit donc ni d'ignorance ni de malice; alors il ne resterait que l'inconscience ou l'oubli. Ce serait donc tout simplement une erreure de perspective, étant donné que les églises sont très différentes les unes des autres, et qu'en temps normal elles reçoivent des assemblées contenant entre 25 et au-delà de 1,000 personnes à la fois. Cela ferait alors que "les églises" en tant que catégorie générale, seraient très difficiles à définir sans y mettre davantage d'attention, d'observation, de temps, et de soin. Plus facile de les balayer toutes d'un seul trait, et VLAN! On leur impose des limites plus restrictives.

Maintenant, sans faire de procès d'intentions, il reste que cette soudaine restriction sur les assemblées pour fin de culte religieux demeure incompréhensive, injuste, discriminatoire, et indéfensible. Étant donné que c'est une faculté normale de l'être humain de se tromper de temps en temps; on peut s'attendre à ce que les institutions gérées par des êtres humains puissent se tromper, elles aussi.

Nous attendons donc, à tout moment, que les autorités de la santé publique se rendront à l'évidence que ces restrictions soudaines et injustifiées pour limiter les assemblées de culte sont une erreure, et qu'il est éminemment souhaitable de les retirer le plus tôt possible, avant même d'en arriver aux jours de culte en fin de semaine prochaine: vendredi pour les musulmans, samedi pour les juifs, et dimanche pour les chrétiens. 

Voici donc un plaidoyer auprès des instances de la santé publique de faire preuve de sagesse et de solidarité auprès de leurs concitoyens qui osent pratiquer leur foi et leur religion. Un recul publique en retirant ces restrictions sur les assemblées religieuses ne sera pas du tout une preuve de faillibilité de la part de la santé publique, mais au contraire, une preuve de sagesse et d'humilité, les qualités sans aucun doute les plus désirables pour toute personne au service de la population. Votre stature à nos yeux ne sera pas diminuée pour autant mais, au contraire, rehaussée. 

----------------------------------------------------------------

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

----------------------------------------------------------------

© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
© 2006-2021 Tous droits réservés Abbé Gilles Surprenant, Prêtre Associé de Madonna House Apostolate & Poustinik, Montréal QC
 

+ + + + + + + + + + + +  

mardi 22 octobre 2019

Nous pouvons éviter de nous endurcir... et retrouver la compassion comme société

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

----------------------------------------------------------------

Tuerie dans une mosqué de Québec

Quel triste documentaire sur la vie du jeune responsable de la tuerie dans une mosqué de Québec. Ce pauvre garçon fut victime d'harcèlement de plus en plus sévère à l'école à partir de la 4e année jusqu'au résultat qu'on connait. Pourtant, il avait de très sympathiques parents et il était d'une belle petite famille....

Le harcèlement par des enfants à l'école

Au début il s'est plaint... il y eut des interventions, mais sans résultat. À force de ne pas trouver d'aide efficace, il cessa de se plaindre, et en rétrospective, nous voyons qu'il intériorisa sa souffrance en un désir de se donner la mort. La crainte d'intensifier le harcèlement à son égard l'a privé de solution, et dans ce guet-apens intérieur, sa souffrance se transforma en heine et en un désir de se venger.... La spirale dans le noir a pris de l'ampleur jusqu'au désastre.

Pourquoi les éducateurs et administrateurs n'ont-ils pas pu agir efficacement? Pourquoi les parents et la parenté, les amis et les voisins n'ont-ils pas pu intervenir à leur tour pour trouver une solution? Pourquoi le harcèlement entre enfants devient-il si persistant, est-il si difficile à enrayer?

Notre société moins capable d'enrayer ce fléau?

Plus important, nous tous, pourquoi à certains moments nous sentons-nous démunis face aux défis de la vie? Comment en sommes-nous venus à une telle perte de prise en charge au sein de notre société? Pourtant les jeunes parents que je connais sont si attentifs à leurs enfants, si prêts à venir à leur aide, et à prendre leur part quand ils ont raison de se plaindre tant à la maison qu'à l'école ou à la garderie.

Je suis assez vieux pour me souvenir d'un autre Montréal, d'un autre Québec, d'un autre Canada. Le monde des adultes n'était pas meilleur en tant que tel, et notre monde des enfants n'était pas meilleur lui non plus... nous étions tous aussi humain que les gens le sont aujourd'hui. Mais alors, qu'est-ce qui a changé? Qu'avons-nous peut-être perdu?

La révolution "tranquille" de 1960 fut une manifestation d'une longue détresse 

Il faut reconnaître honnêtement que l'être humain a connu la détresse - personnellement et aussi en société - depuis les débuts de son existence. Notre espèce - "homo sapiens sapiens" est la dernière à survivre et qui a éclipsé toutes les autres.

Pour ce qui est du Québec, nos ancêtres ont connu et les guerres et les alliances avec les peuples autochtones, la guerre entre l'Angleterre et la France, la conquête, les effets du jansénisme, les attentats de conquête par les Américains, les grandes vagues d'immigration des jeunes vers les États de la Nouvelle Angleterre, et la croissance de l'éducation pour tous.

Les décalages entre la foi catholique traditionnelle et le courant janséniste, entre la société rurale / agricole et l'industrialisation, entre le développement en province et l'urbanisation, entre la culture catholique chrétienne et les courants rationalistes ont vu naître des courants de prise d'autonomie un peu partout. Les chansons "à répondre" permettaient aux gens de s'en donner à coeur joie dans des histoires parfois très osées en réaction à une Église trop moralisante.

Sans doute qu'il y eut vers 1940 une "révolution tranquille intellectuelle" dont les auteurs de file proposait un "bien commun" et le progrès dans une société sans Dieu, sans la foi, à titre indépendant par l'être humain pour la société humaine. La "révolution tranquille politique" déploya cette pensée dans les institutions de l'État en réponse aux besoins de l'heure; alors que les évêques du Québec étaient, en gros, dépassés par ces développements, et entre eux n'avaient pas les moyens de mieux adapter ou ajuster leurs institutions au service de l'enseignement et de la santé en réponse aux grands changements et défis démographiques.

La prise en charge de l'éducation par l'État

À la "petite école" comme au secondaire - avant les vagues successivement plus intrusives les unes que les autres de "réforme scolaire" entreprises par le Ministère de l'Éducation du Québec - les éducateurs et administrateurs se sentaient pleinement autorisés d'agir et d'intervenir durant les heures d'école pour solutionner tout problème qui pouvait survenir. Je parle des années cinquante et soixante - de 1955 à 1966. Je ne suis pas un naïf pour penser que c'était parfait, non, il y avait des "caves" en ce temps-là comme il peut y en avoir aujourd'hui. Mais en gros, on se prenait en charge.

Au cours des années - durant toute cette période des réformes scolaires - en tant que prêtre je visitais souvent les écoles et même les classes et j'ai connu beaucoup d'enseignants, j'ai entendu plein de plaintes que les enfants arrivaient à l'école de moins en moins "humanisés", de moins en moins "civilisés", c'est-à-dire de moins en moins conscients du bien-être ou des sentiments de leurs voisins, les autres petits enfants autour d'eux. Il y avait de plus en plus de petits qui ne réalisaient pas quand ils faisaient mal aux autres, comme s'ils en étaient complètement inconscients.

L'encadrement des enfants s'est-il affaibli?

Il y a soixante ans il y avait plus d'ordre, plus de discipline, moins de distractions numériques tant à l'école qu'à la maison. Toute interruption de la classe était immédiatement notée, saisie, et disciplinée. J'ai d'excellents souvenirs de mes enseignants comme de mes directeurs d'école. Nous étions très étroitement encadrés, et nous ne doutions pas que ces éducateurs avaient notre bien-être à coeur.

À la maison, Maman ne se faisait pas de complexe de nous punir, rarement en nous touchant, mais à quelques occasions, oui. Papa n'avait qu'à nous regarder ou à montrer son mécontentement pour nous impressionner de son amour et de son autorité, et de nous motiver à l'obéissance et au respect.

Dans le voisinnage, si on faisait un "mauvais coup", un voisin nous amenait chez nous pour en donner un compte rendu à Maman qui ne tardait pas à nous faire la leçon.

En quoi la situation des éducateurs et des parents est-elle devenue dans certains cas précaire?

L'ère des "réformes scolaires" au Québec

À partir du "Rapport Parent" de 1964 le Ministère de l'Éducation et le Gouvernement du Québec ont saisi le système de l'éducation des autorités traditionnelles en place - ce qu'on pourrait appeler une alliance entre l'Église et les éducateurs laics. Au début, à toute fin pratique, il semble que les chefs d'état avait pleinement l'intention de collaborer davantage avec l'Église et ses institutions, mais il y eut une nette prise de position de faire passer de l'Église à l'État la prise en charge.

Compte tenu des courants intéllectuels, c'est sans doute inévitable qu'en fin de compte les agents de l'état, les politiciens et les agents de la fonction publique, en sont venu à ne pas se gêner pour déclarer - directement ou indirectement - leur mépris pour le système d'éducation qui les avait précédés, qui les avait formés et dont ils étaient les produits, les gradués. Une telle myopie fait problème, il semble.

Je ne me souviens pas d'avoir souvent entendu de la part de fonctionnaires, de politiciens, d'artistes, ou de toute personne se trouvant "sur une tribune" quelqu'expression de reconnaissance pour tout ce qu'ils avait reçu de la part de leurs éducateurs, à quelques exceptions près. Une personne que se donne trop facilement au mépris risque de devenir méprisante et, par le fait même, risque de se tenir soi-même indemne et à l'épreuve de toute auto-évaluation ou critique. C'est dangéreux, ça.

Durant toutes les années de mon adolescence et plus tard, j'ai trop souvent compris avec quel mépris notre société en général et ses institutions en particulier s'en sont pris contre les générations qui les avaient précédés pour leur imputer la responsabilité pour tous les malheurs imaginables. Un jour, étant tanné d'entendre un vieux s'en prendre à l'Église pour avoir "forcé" les parents à avoir une douzaine d'enfants ou plus, je lui ai demandé, tout bonnement, combien ils étaient dans sa famille. 17. "Et vous, où en étiez-vous?" 8e. "Donc, si je vous comprends bien, vous auriez voulu que vos parents auraient pu faire la contraception pour n'avoir que 2 ou tout au plus 3 enfants, ou encore ils auraient pu avoir recour à l'avortement? Mais à ce moment-là, vous n'auriez pas vu le jour?" SILENCE....

À chaque fois qu'il était sujet d'un trouble en société, on tenait responsable, incompétent, incomplet le système scolaire et les enseignants, ou encore l'Église, ou les deux. À tout coup on se précipitait pour écarter la présence, le rôle, la participation de l'Église et de ses agents de pastorale, tout en refoulant sur le  système scolaire et les enseignants et leurs administrateurs des "solutions" conçues dans les "tours d'ivoire" des grandes villes. Et à chaque vague d'intervention, de la part du Ministère et du Gouvernement pas trop souvent d'auto-évaluation, du moins, pas aux yeux du grand public.

Réformes et mesures se sont succédées les unes après les autres jusqu'au point où le système scolaire soit devenu méconnaissable. Encore une fois, je ne me souviens pas d'avoir entendu en tribune publique ni le Ministère ni le Gouvernement du Québec se donner à un exercice d'auto évaluation pour se poser la simple question: "Quel effet nos interventions ont-elles sur les enseignants, les écoles, les enfants, leurs parents, les familles, et enfin, notre société?

La mobilité sociale et la croissance démographique

Durant toutes ces décennies, nous avons observé une grande désintégration sociale en raison d'une plus grande mobilité des gens, de la grande croissance démographique et l'arrivée de nombre d'immigrants de toute part du globe, et de la perte de stabilités culturelles. Les réformes scolaires ont sans doute accompli certains progrès sociaux, mais en même temps, la compétence et l'autorité pour agir au niveau local - tant à l'école qu'à la maison - a été obscurci ou éclipsé en quelque sorte.

Les instances de la fonction publique au niveau de l'état est en grande partie responsable pour l'érosion de la prise en charge des enfants par les intervenants sur le terrain. L'école du quartier connait moins ses enfants qu'autrefois. Beaucoup de parents n'appuient moins les enseignants de leurs enfants qu'autrefois. Apparemment.

En plus, les coupures budgétaires par l'État a diminué le nombre de professionnels à l'appui des enseignants. On ne prend pas au sérieux les plaintes de la part des enseignants: classes trop nombreuses, trop d'enfants troublés intégrés avec les enfants qui peuvent apprendre plus facilement. Ensuite il y a les problèmes d'inculturation et d'intégration pour les nouveaux immigrants et les défis tant pour les éducateurs que pour les enfants qui les accueillent.

Je crains aussi qu'un effet secondaire de toutes ces réformes inlassables de la part de l'État ait été de se substituer à l'autorité naturelle des gens sur le terrain: enseignants, écoles,  administrateurs, parents, et tout citoyen, sans parler de l'Église catholique et des autres églises.

Non. Il ne faut surtout pas parler d'églises, ni de religion, ni de Dieu. Surtout pas. Pas dans un monde qui ne fait confiance que dans la science, la technologie, les arts, les sciences humaines, et, bien sur, la politique.

Nous avons perdu l'alliance Église / Paroisse / Dieu / Religion / Famille / École / Voisinage

Dans toute l'histoire du Québec il y a eu alliance entre l'Église et le pouvoir civique et politique pour assurer la survie du peuple avec sa langue, sa culture, et sa foi telle qu'exprimée dans sa religion. Une des stratégies fut la "revanche du berceau" en réponse à la conquête par "les anglais" au 18e siècle.

Malheureusement, en parallèle, la foi catholique chrétienne fut infectée par l'hérésie du jansénisme en provenance de la France. Le principal résultat fut que, en gros, l'Église est devenue plus moralisante qu'évangélisante. Autrement dit, trop souvent les curés et prédicateurs mettait plus d'emphase sur la morale que sur le bienfait d'être aimé par Dieu et de l'aimer en retour. Il a continue d'y avoir de saints prêtres et religieux qui offrait plutôt cette approche vivifiante, mais ceux qui en étaient incapable ont fait malheureusement leurs ravages.

Pourtant, dans la symbiose société - église / paroisse / Dieu / religion / famille / communauté locale - il y avait partout - quoique à des degrés variables - une qualité d'humanité qu'à toute fin pratique nous avons perdue, et ce, pour le pire.

Ce sera toujours vrai que l'être humain a une capacité pour reconnaître et désirer ce qui est bon et bien. Cependant, notre société et sa culture, ou ses cultures, ont une soif insatiable pour le plaisir et la libération de toute contraintes, dans une course presque effrenée vers "le bien"; mais ce qui semble trop souvent perdu et la quête d'une plus grande humanité et le désir de devenir une meilleure version de nous-mêmes. Au fond, c'est vers cela que l'Évangile de Jésus Christ est orientée.

En l'occurrence, l'état prétend mieux savoir que les parents ce qui est désirable pour leurs enfants, et de plus en plus se substitue à leur autorité naturelle. Il en a fait de même d'abord avec les enseignants.

Maintenant que nous en sommes là, impossible de faire marche arrière. Les prêtres et religieux sont en diminution, sinon disparition. Nous avons perdu toute une "armée" de prêtres, religieuses, et religieux dont la présence et les services ont été d'une valeur incalculable pour notre société en général et pour les personnes et les familles en particulier.

Oui, il y a eu des abus, et nous prenons nos responsabilités

Encore une fois, je ne suis pas un naïf, je ne nie pas le fait que des prêtres et des religieux - faute d'être suffisamment humain - ont monstrueusement abusé d'enfants et d'autres personnes vulnérables. Là où il y a des personnes humaines, il y aura toujours de graves problèmes et défauts d'humanité.

Regardez le fléau d'abus de personnes âgées dans les centres d'hébergement. On n'ose pas trop en parler parce que l'état admet difficilement ses défauts, ne prend pas responsabilité pour les effets directs et indirects de ses intrusions. Quand Jésus à déclaré que celui qui était sans péché pouvait lancer la première pierre à la femme accusée, tous les accusateurs, humiliés, ont quitté. Ça fait du bien de se prendre en charge et de faire son propre inventaire avant d'accuser autrui.  Je suis le premier à prendre à coeur la critique et d'écouter les plaintes à mon égard. C'est salutaire.

 Actuellement, au moins l'Église, pour sa part, prend ses responsabilités à tout égards, et ce, par le monde entier. La prise en charge n'est pas parfaite, n'est pas universelle, mais peu à peu elle se fait. Ce qui plus est, la société accuse un énorme retard sur l'Église à ce chapitre. Ce sont les faits que la grande majorité des abus sexuels se font dans l'enceinte même de la famille et aussi aux mains de proches ou d'agents des diverses institutions publiques.

Avant la crise des abus dans l'Église, le tabou était à ce point complet que rarement les médias en parlaient, et ce n'est qu'avec grande difficulté qu'un parent croyait son enfant qui se plaignait d'avoir été "touché". Au moins, maintenant que le tabou a été brisé, et en tant que société, nous commençons à prendre nos responsabilités et à écouter les plaintes et les prendre au sérieux.

Une société caractérisée par le mépris devient incapable de gratitude

Pourtant tout ceux qui ont maintenu des contacts avec le clergé et les religieux ont en général gardé de bons souvenirs et les ont appréciés. Cependant, le mépris collectif envers tout ce qui est religion, église, prêtres, et religieux, et même envers les enseignants - vous n'avez qu'à interviewer ceux qui malgré tout continuent courageusement d'enseigner dans nos écoles pour entendre avec quel mépris les parents trop souvent traitent ceux qui enseignent leurs enfants. Les parents à leur tour font objet d'un mépris institutionnel à leur égard de la part de l'état. Vous n'avez qu'à scruter le nouveau programme d'enseignement sexuel.

La situation est tellement grave que nous ne pouvons plus attendre que les institutions publiques se réforment de leur propre gré, ou s'attardent pour évaluer et prendre responsabilité pour leur propre part dans l'érosion de l'autorité et la compétence pour agir de la part des enseignants et des parents.

L'heure de passer à l'action - nous tous - chacun dans sa sphère de responsabilité

Notre choix est simple. Soit qu'on se contente d'être un citoyen impuissant et de laisser l'état se préoccuper de tous nos problèmes; soit qu'on se prenne en charge, tous et chacun, pour prendre notre place et faire tout ce que nous pouvons pour humaniser davantage les milieux dans lesquels nous vivons et travaillons.

On a beau mépriser l'Église catholique, mais au moins cette culture et ces générations étaient porteurs d'un objectif collectif et partagé: que chacun fasse de son mieux pour devenir le plus humain possible et qu'il soit le meilleur voisin possible pour son voisin, partout et à tous les niveaux.

Ce n'était pas parfait, parce que partout où il y a des personnes humaines, nous trouverons des défauts mais vaut beaucoup mieux marcher ensemble et nous encourager les uns les autres à faire notre mieux que de laisser tomber les bras. Quels que soient nos défis actuels, nous n'avons pas besoin de la permission de l'état pour continuer de prendre à coeur le bien-être des personnes vulnérables qui nous sont confiées.

Peu importe comment les autres s'aquitte de leurs responsabilités - pour ma part je peux continuer de m'engager pleinement, de faire de mon mieux, de bien documenter mes prises de position et mes interventions, tout en allant de l'avant sans crainte. C'est réel et vrai que quand on fait confiance au Bon Dieu Il devient notre appui, notre renfort. Quand je prie pour et avec les gens de tout âge qui me sont confiés, Dieu agit pour leur bien et me vient en aide. La preuve est dans les résultats.

Si nous nous prenons tous en charge, peut-être qu'il n'y en aura plus de jeunes si harcèlés, méprisés et maltraités qu'ils deviennet suicidaires ou meutriers....

Autre avantage de garder Dieu dans le portrait: au lieu de nous autosuffir pour nous rendre compte qu'en bout de ligne nous ne pouvons pas nous suffir à nous-mêmes, en faisant de la place parmi nos meubles au Créateur de l'Univers, nous pouvons mieux respirer et retrouver espérance, et nous encourager les uns les autres, tout en recevant de sa part une aide spirituelle et intérieure qui nous rend plus efficaces et coopérateurs.

Alors, bon courage à tous et à toutes, et à la grâce de Dieu.

----------------------------------------------------------------

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

----------------------------------------------------------------

© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
© 2006-2021 Tous droits réservés Abbé Gilles Surprenant, Prêtre Associé de Madonna House Apostolate & Poustinik, Montréal QC
 

+ + + + + + + + + + + +