lundi 19 juin 2023

Où en sommes-nous dans notre réponse à l'appel du Seigneur Jésus Christ : "Allez ! De toutes les nations faites des disciples"?

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun, en tant que disciples missionnaires de Jésus Christ, de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

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À la fin de son Évangile, Mathieu nous rapporte ceci: 

16 Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. 17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. 18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. 19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, 20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Alors, où en sommes-nous ici, au Canada, au Québec, et à Montréal, en 2023? 

        Considérons, pour un instant, l'Apôtre Saint Paul. Converti suite à sa rencontre avec le Seigneur Jésus sur la route vers Damase et peu de temps après le martyre d'Étienne, vers l'an 32 ou 33, Saint Paul a parcouru le monde mediterranéen à trois reprises pour proclamer Jésus Christ le Seigneur et le Messie attendu et pour fonder plusieurs églises. À chaque nouvelle fondation, il laissait des "anciens" à la tête de ces assemblées de croyants disciples.

        Au fur et à mesure de ses voyages, et selon les besoins, il écrivit des lettres à ces églises pour les encourager, parfois pour les discipliner, et souvent en réponse à plusieurs questions très pratiques et particulières à chacune de ces communautés de foi. Son attention fut donnée de façon particulière et spécifique à chacune d'entre elles. 

        Cette méthode missionnaire a été employée avec succès pendant la presque totalité du temps qui a écoulé depuis l'ère apostolique. Pensons à la converstion des pays slaves, aux pays d'Amérique, et aux peuples du continent de l'Afrique, et aux missions vers l'Asie.

        Compte tenu de ces grands succès missionnaires, comment se fait-il que nous nous trouvons dans l'impasse actuelle chez nous? 

        D'abord, le conflit prolongé entre la France et l'Angleterre a sans doute fait qu'en tant que peuple francophone et catholique, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes. Quand on est préoccupé de sa survie, on peut oublier l'appel du Seigneur de répandre la Bonne Nouvelle et d'aller faire des disciples. 

        Ensuite, a suivi une succession d'événements de portée même mondiale qui a eu aussi ses effets sur nous en tant que peuple: la Première Guerre Mondiale, la folie des années '20, la Grande Dépression, la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre de Korée, la richesse des années '50, la fameuse "Révolution Tranquille" des années '60, et, enfin, le Concile Vatican II. La suite, nous la connaissons, mais l'avons-nous pleinement comprise?

        Avant le Concile, les vestiges de l'élan missionnaire de l'Église demeuraient, et on faisait toujours au moins un effort symbolique de visiter les paroissiens. Le Diocèse visitait les paroisses pour y inspecter les régistres. Mais avec la clôture du Concile, même ses gestes symboliques ont presque disparus. Peu sont les prêtres qui visitaient désormais les familles. Les couples eux-mêmes étaient devenus plus mobiles, avec souvent les deux au travail. Le Diocèse a presque cessé de visiter les paroisses, sauf pour les confirmations ou célébrations d'anniversaire des paroisses. 

        Sans doute, le plus dramatique a été un effet secondaire du Concile sur nous tous. Un élan fut donné de revoir et réviser notre compréhension de l'Église et de sa nature, et dans la pratique, nous avons été conviés à l'étude des documents du Concile. La séduction de la méthodologie de l'analyse des données - du point de vue sociologique ou marxiste, peu importe - nous a effectivement séparé du "terrain", des réalités que nous nous sommes mis à analyser. À toute fin pratique, nous avons abandonné la méthode d'évangélisation pratiquée par Jésus et perpétuée dans l'Église par la présence et l'action du Saint-Esprit.

        Combien de fois Saint Paul a-t-il rappelé aux fidèles des églises qu'ils avaient cru en Jésus non pas à cause de son éloquence, mais à cause des prodiges et manifestations de la puissance de Dieu par l'Esprit Saint? Cela aussi, nous l'avons peut-être abandonné. 

        Les évêques ont été conviés à établir dans leurs diocèses des conseils de pastorale et des conseils presbytéraux, et encore une fois nous nous sommes donnés à des analyses, à des études, à des documents, à des projets, et à des tonnes de matériaux, de messages, et de communications à enfuire dans les tuyaux de communications des diocèses vers leurs paroisses et les membres de leur clergé.

        Le résultat final, nous en sommes tous témoins. Aggravées par la pandémie, presque toutes les paroisses sont épuisées, découragées, évacuées de leurs assemblées, à faute de fonds, à défaut de personnel ou de personnel bien formé, et au bord du gouffre; à quelques exceptions près, par miracle et par intervention de la Divine Providence.

        Il est sans doute grand temps d'en revenir à la seule véritable méthode d'évangélisation que le Seigneur a léguée à son Église. Il s'agit du porte-à porte, du village en village, de paroisse en paroisse de l'apôtre missionnaire que sont nos évêques. La force des événements et de l'histoire en a fait des bureaucrates. L'Esprit Saint veut peut-être les restaurer à leur appel fondamental et renouveler la joie de leur jeunesse? Je le crois. 

        Ce n'est certes pas ce qui peut permettre de produire de belles analyses ni de beaux rapports annuels, mais si un évêque prenait le temps de faire des visites en paroisse, une à la fois, ou à un milieu de vie, un à la fois, pour une semaine ou deux ou même un mois, il se peut que l'Esprit Saint aurait le temps de ranimer la flamme de la foi et l'enthousiasme de l'Évangile. Une fois satisfait que l'Esprit Saint a bien pris en charge ce lieu et le clergé auquel il est confié, cet évêque pourrait passer à une autre paroisse ou milieu de vie.

        Ce ne serait peut-être pas glorieux, et cela prendrait des décennies pour renouveler le Diocèse dans son ensemble, mais rappelons-nous tous ce que la Très Sainte Trinité a accompli aux mains de Saint Paul durant ses presque trois décennies, et le fait qu'il a passé la grosse partie de sa dernière décennie en prison. Tant et aussi longtemps que nous nous efforçons à organiser l'Église et sa mission évangélisatrice selon nos catégories et schèmes, je pense que nous continuerons de tourner en rond. Si nous pouvons trouver notre foi et si nous pouvons finalement mettre toute notre confiance en Dieu et suivre les consignes du Saint-Esprit; alors, nous verrons quelque chose.... 

À la gloire de Dieu.... 

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© 2006-2023 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
© 2006-2023 Tous droits réservés Abbé Gilles Surprenant, Prêtre Associé de Madonna House Apostolate & Poustinik, Montréal QC
 

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mercredi 21 décembre 2022

La tempête de neige qui nous a accueillis en sortant de la Messe de Minuit la Veille de Noël, le 24 décembre, 1965. Paisble fin de l'Avent et Joyeux Noël 2022 - Bonne et Heureuse Année 2023!

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Oui, oui, oui... je me souviens... c'était la Veille de Noël, 1965... je me souviens clairement; puisque c'était notre premier Noël sur la ferme laitière de nos parents au 45 Rang de la Cabane Ronde, L'Épiphanie QC... environ 40 KM de mon école secondaire, Saint Pius X High School rue Papineau à Sauvé, Montréal, en voyageant par l'Autoroute 25.

Ce décembre avait été doux, brun et gris, et comme beaucoup de gens, nous étions allés à la Messe de Minuit en nos souliers. La majorité de l'assemblée a quitté après cette première, très belle et longue Messe. Nous sommes restés, comme d'habitude, après la Messe de Minuit, pour les deux Messe suivantes:

La Messe de l'Aube, qui dura environ 35 minutes, et après quelques minutes d'intervale, 

La Messe du Jour, qui dura environ 20 minutes....

Ensuite, ayant visité la maginique crèche en cette magnifique église, avec son immense fresque qui devait faire 6 mètres de large et 8 à 9 mètres de haut au centre du sanctuaire montrant les Rois Mages venus à la Crèche le Jour de l'Épiphanie, nous sommes sortis de l'église. En plus, de chaque côté du sanctuaire, au fond des deux balcons, il y avait deux autres magnifiques fresques, un peu plus petites, nous montrant Jésus à son Baptême et Jésus en train de bénir l'eau se changeant en vin au Noces de Cana

Ces trois moments d'Évangile sont célébrés ensemble dans la Liturgie des Heures de l'Église sous le titre de l'Épiphanie de Dieu aux Nations. Ces trois moments sont particulièrement célébrés avec grande solennité dans les Églises Orthodoxes et les Église Catholiques de Rite Oriental.

Finalement, nous nous sommes retournés pour partir, et en poussant la très grande porte, notre grand choc fut de recevoir en pleine face le grand vent d'une tempête de neige... et en souliers, nous nous sommes rendus à notre voiture en marchant dans un pied de neige!

Une bonne partie des 2 miles / 3 km à parcourir pour rentrer à la maison longe la Rivière Achigan, étroite mes très profonde. Papa ne pouvant voir où il allait, je lui ai demandé d'arrêter la voiture; afin que je puisse sortir et m'asseoir sur le capot pour lui indiquer d'aller plus à gauche en montrant le bras gauche, plus à droite en montrant le bras droit, ou tout droit en baissant les bras.

Papa ne pouvait rouler plus que 15 à 20 kmh... et éventuellement nous sommes rentrés enfin chez nous pour nous réchauffer, manger quelque chose, et ouvrir un cadeau. J'ai eu terriblement froid assis sur le capot, priant ardemment au Bon Dieu de nous protéger, mais c'était beaucoup mieux avoir froid que de nous trouver dans la rivière!!! Sapristi! Quel vif souvenir!!!

Je vous souhaite de merveilleux derniers jours de l'Avent... et ensuite de paisible et reposant jours de la saison de Noël de la Veille de Noël le 24 jusqu'au Baptême du Seigneur Jésus, lundi le 9 janvier, qui ne tombe pas un dimanche cette année en raison du fait que Noël lui-même tombe sur un dimanche.

Puissiez-vous jouir de votre famille et de vos amis, mais si vous êtes entièrement seul(e), regardez autour de vous pour trouver une autre personne seule et lui offrir vos souhaits et peut-être une visite ou un repas partagé.

JOYEUX NOËL 2022 - CARTE PDF 

BONNE, HEUREUSE, SAINE, ET SAINTE ANNÉE 2023

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lundi 4 avril 2022

Le cas étrange des vins de Messe bannis de la Province du Québec au printemps 2021

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        C'est un défi intéressant que de pratiquer et de vivre sa foi dans une société et une culture sécularisée. Prenez, par exemple, la disponibilité du "vin de Messe". Il semble être convenu que jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, ou mettons jusqu'à 1950, les sociétés dites occidentales se voyaient ou étaient vues comme des sociétés "chrétiennes", les descendants de ce qu'on appelait "la chrétienté", où étaient inextricablement mêlées la "cité de Dieu" et la "cité de l'homme", pour employer les catégories de Saint Augustin. 

        Au Québec, jusqu'à récemment et pendant des décennies, les vins de Messes employés par les paroisses, les sanctuaires, et les autres chapelles étaient généralement obtenus des magasins dits "ecclésiastiques" tels que les Desmarais & Robitaille, ou Bertrand, Foucher, Bélanger de Montréal ou encore La Procure Ecclésiastique de la Ville de Québec. Il y en avait d'autres plus locaux dans quelques-unes des autres grandes villes.

        J'ai vu un document indiquant que dans les années 1960 ces magasins étaient pourvus d'une licence de la Régie des Alcools du Québec. Mystérieusement (l'information est difficile à obtenir) dans le demi siècle qui s'est écoulé, ces magasins ont cessé soit de renouveler soit d'obtenir cette licence, ou l'autorité gouvernementale a cessé de s'y intéresser, pour quelque raison que ce soit. 

       Ensuite au printemps 2021 il y eut une plainte quelconque d'abus à quelque part dans la province concernant ce "commerce" de vins "religieux" et il y eut une descente par la Sureté du Québec. Voici quelques liens à la couverture dans les médias le 4 avril, 2021 par La Presse et le 20 avril, 2021 par Présence Information Religieuse

        Quelques 8000 bouteilles de vins de Messe ont été saisies, tandis que d'autres magasins ecclésiastiques n'ont pas été touchés; apparemment ceux-ci ont retourné leurs stocks à leurs distributeurs au Canada, aux États-Unis, ou ailleurs. Le nombre de bouteilles semble énorme, mais en considération qu'aujourd'hui au Québec il y aurait encore 1,782 paroisses, sans compter les sanctuaires et les chapelles; il n'y a pas là de quoi être surpris et certainement pas matière à scandal.

        Alors, pourquoi cette soudaine action policière qui a sévit si sévèrement sur les magasins ecclésiastiques? Y a-t-il eu des gens qui auraient acheté de ces vins de Messe pour une consommation privée? Nous savons que dans certaines religions ou cultures religieuses, ce n'est pas "le prêtre" qui consomme une petite gorgée de vin une fois par jour à un service religieux, mais ça peut être une famille entière ou encore une communauté où chaque personne consomme du vin durant un repas considéré comme religieux, et ce, une fois par semaine. Dépendamment de la grosseur de chacune de ces assemblées, et à toute les semaines, on peut imaginer une quantité annuelle assez importante de vin. Je ne fais ici que spéculer, mais que s'est-il passé au juste pour provoquer cette descente de la SQ dans les magasins ecclésiastiques qui jouissaient jusqu'alors de bonnes réputations?

        Dans mes 40 ans d'expérience comme prêtre catholique romain, même dans une paroisse très fréquentée où il y avait deux célébrations de la Messe chaque jour en semaine et 4 le dimanche, on ne consommait pas une bouteille entière de vin de Messe par semaine. Il n'y a pas ici quoi faire les manchettes.

        Il y a plus de 20 ans, j'étais dans une paroisse où pendant quelques années, la pratique était d'offrir la Communion "sous les deux espèces", c'est-à-dire, de recevoir l'hostie - le Corps du Christ - et une minuscule gorgée de vin - le Sang du Christ. Très peu de paroisses catholiques le font et sans doute aucune de nos jours avec le menace de la Covid. Cependant, même sous ces conditions précédentes et inhabituelles, pas plus d'une bouteille et demie, ou tout au plus deux bouteilles de vin de Messe étaient utilisées par semaine, et ce avec une centaine de gens tous les jours en semaine et 1,500 le dimanche. La majorité des gens ne venaient pas au calice, et ceux qui y venaient se mouillait les lèvres ou offrait leur hostie pour que le ministre la trempe dans le Sang du Christ pour ensuite la leur mettre sur la langue. La grande majorité se contentaient de recevoir Jésus dans l'hostie seulement. Jésus nous vient entier et indivisible dans son Corps et son Sang ressuscité. Jésus est suffisant.

        Les chrétiens de rite oriental et les orthodoxes donne la Sainte Communion sous les deux espèces, mais c'est le prêtre qui trempe le pain consacré dans le vin consacré pour ensuite le déposer dans la bouche ouverte du communiant. Alors, oui, peut-être qu'ils utilisent un peu plus de vin de Messe, mais quand même, il n'est pas ici non plus question de vins en quantités industrielles. Pas de cause de scandal ici non plus.

        Qu'en est-il de la question d'une consommation privée des vins de Messe? Un prêtre parlant pour les évêques du Québec a été cité par un des reportages ci-haut pour avoir dit qu'après son ordination, parmi sa parenté il y en a qui lui auraient dit que désormais il serait payé pour consommer du vin. Alors, un jour il a apporté une bouteille de vin de Messe au repas famililale pour leur en faire goûter. Il n'a jamais plus entendu de telles remarques. C'est que les vins de Messe n'attirent pas l'attention à eux-mêmes. Un véritable vin de Messe est oubliable en tant que vin de table, mais il sert très bien l'objectif de nous référer au Christ.

        Nous manquons toujours d'entendre une réponse à la question, pourquoi le gouvernement du Québec a-t-il cru nécessaire d'envoyer les services policiers saisir les stocks de vins de Messe aux principaux magasins ecclésiastiques sans publier alors ni plus tard les preuves qu'il y avaient eu vente à des personnes non autorisées de vins de Messe pour toute autre raison que les propres fins du culte. Où sont les preuves qu'il y a eu achat de quantités importantes de vins de Messe redirigées ensuite pour la consommation privée et non-autorisée? 

        Si les preuves exitent, alors pourquoi ne l'ont-elles pas été publiées? Pourquoi les personnes coupables n'ont-elles pas été révélées et sanctionnées? Toute cette histoire flotte dans l'air à partir d'une plainte qui demeure non-publiée, à partir de laquelle les autorités ont saisi des stocks de vins de Messe des commerçants honnêtes (jusqu'à preuve du contraire) occupés à la vente et distribution d'accessoires et de provisions pour le culte. Un de ces magasins, qui longtemps jouissait d'une excellente réputation même internationale - Desmarais & Robitaille - a fermé ses portes il y a une décennie environ. C'est se rende compte qu'il n'y a pas là de quoi faire fortune; d'autant plus que les églises de nos jours sont presque vides.

        J'ai vu un document indiquant qu'il y a 50 ans ou plus ces magasins étaient pourvus d'une licence pour la vente des vins de Messe de la part de la Régie des Alcools. Qu'en est-il advenu de ces licences et pour quelles raisons n'ont-elles pas été renouvelées? 

        Les autorités de l'Église au Québec ont fait de leur mieux pour collaborer avec le gouvernement pour trouver une solution à toute fin pratique. Quelle est cette solution? On a publié une liste de 7 vins dits naturels recommandés comme suffisants aux normes requises selon le droit canon de l'Église. Tous les vins de Messe distribués précédemment en provenance de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de la France, de la Californie, ou d'ailleurs ont tous été bannis. Apparemment la SAQ n'a ni l'intention ni l'intérêt d'importer, de garder en entrepôt, ou de distribuer ces vins produits, embouteillés, et distribués pour la célébration de la Sainte Messe. Le gouvernement lui aussi n'aurait aucune intention ni intérêt à renouveler les licences autrefois accordées à ces magasins ecclésiastiques.

        Quelle situation étrange. Qui peut la comprendre? On peut trouver et acheter plein de vins et aussi plein de bières dans le dépanneur même le plus dégueulasse. On y trouve même des vins à peine buvables. Mêmes les stations à essence muni de dépanneur en font aussi la vente - sans parler des ces boissons à cafféine qui apparemment risquent de causer des accidents et même la mort - pas de problème. Mais peut-on retrouver l'accès à nos vins de Messe familiers et appréciés? Jamais de la vie! Expliquez-moi ça.

        Sans doute que des prêtres avec le palait "mieux raffiné" que moi sauront préférer l'un ou l'autre de ces 7 vins désormais les seuls recommandés pour la Sainte Messe au Québec et distribués par la seule SAQ. J'en ai essayé 4 des 7 et je vous avoue être très désappointé. Ce sont sans doute de bons vins pour la table, encore une fois à matière de goût, pour accompagner divers mets en diverses occasions, mais ils ont beaucoup "trop de caractère" à mon goût pour bien servir à l'autel. Quand je célèbre la Sainte Messe, le bon vin de Messe n'attire pas l'attention à lui-même, mais de façon subtile il renvoit plutôt à Celui qui s'en sert pour nous faire don de Lui-même, Jésus Christ.

        Ces vins que désormais nous sommes contraints à utiliser attirent tous beaucoup trop l'attention à eux-mêmes, en sorte qu'on ne peut pas éviter de telles pensées que: "Où est le fromage qui doit accompagner cela?" ou encore "Où est le plat principal qui voudrait être accompagné par ceci?" Peut-être que les prêtres qui n'auront connu que ces vins ne s'en feront pas de cas, mais ils ne connaitront pas ce qu'ils auront manqué. Nous qui avons été apprivoisés par les "Mont des Oliviers" du Portugal ou par les divers vins Cribari ou de La Salle Vineyards de Californie, nous savons ce que nous avions, ce que nous avons perdu, et ce que nous regrettons que nous n'aurons plus jamais.

        Je comprends très bien qu'aujourd'hui, quand le monde et nous aussi dans ce monde continuons de souffrir en solidarité avec le peuple dévasté de l'Ukraine et aussi le peuple de la Russie qui peuvent en être aussi troublés que nous; que dans ce monde et en ce temps, que cette question des vins de Messe que je soulève pourrait sembler insignifiante, et pour certains, peut-être même scandaleux. Cependant, quand la poussière de la guerre passe, la vie doit continuer. N'est-ce pas l'un de nos droits, en tant que citoyens d'une société où les citoyens jouissent des droits humains fondamentaux, que nous pouvons exprimer nos pensées et nos sentiments sur les grandes mais aussi sur les petites questions de la vie?

        Alors, puisque la SAQ se vante d'importer de bons vins de partout dans le monde, pour quelle raison cette action policière soudaine? Serait-ce un autre clou dans le cercueil en voie de préparation par l'état pour les derniers vestiges de la foi dans une société et une culture qu'il veut à tout prix entièrement séculière? D'abord, ce fut la désintégration des commissions d'écoles religieuses - et pour cela il a fallu amender la BNA (British North American Act) par laquelle acte du parlement britannique le Canada fut fondé le 29 mars 1867. Ensuite, il fallait faire disparaître les crucifix des institutions reliées de près ou de loin au gouvernement. Il y a un an, ç'en fut fait des vins de Messe, traitant les pourvoyeurs d'accessoires et de fournitures ecclésiastiques presque comme des criminels par la saisi de leurs stocks de vins de Messe. On aurait pu les avertir et exiger qu'ils retournent leurs stocks pour se faire rembourser, les traitant ainsi comme des citoyens responsables. Mais non, ils ont eu droit au traitement qu'on réserve aux gens soupçonnés de crimes contre la société et le bien ou la sécurité publique.

        Quelle sera la prochaine étape, la prochaine suppression? Si notre état choisit de continuer d'imiter nos voisins américains, nous perdrons l'opportunité d'apprendre la leçon qu'ils ne cessent de réapprendre malgré eux. Une fois Dieu et sa Bible éliminés de leurs écoles, le vide fut aussitôt rempli par les couteaux, les fusils, les drogues, et les massacres en masse. Pourtant, ils refusent toujours d'en prendre leçon. Ferons-nous de même?

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© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
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samedi 24 juillet 2021

Notre Église catholique demeure pourtant ouverte pour accueillir les gens et leurs questions, leurs quêtes de la vérité et de sens dans leur vie


Aujourd'hui j'arrive d'une rencontre tout à fait bouleversante et troublante. Je vous remercie d'avance, lectrice et lecteur, de votre temps et de votre patience, si toutefois vous choisissez de me lire. Si jamais vous avez vous-mêmes des questions sur l'Église ou la foi ou le Bon Dieu, je serai ravi de m'entretenir avec vous.

Je suis prêtre catholique et je demeure au centreville dans une résidence adjacente et reliée à une église. Il y a un peu plus de trois heures, on a frappé à ma porte au 4e. À ma grande surprise se sont présentés devant moi deux jeunes hommes peut-être d'une trentaine d'années. D'emblée leur comportement était celui de visiteurs d'un musée qui posent leurs questions à un préposé du musée en question.

Leurs attitudes et dispositions étaient de gens très curieux mais à la fois très craintifs et soupçonneux, jusqu'à une certaine agressivité. Ma préoccupation immédiate était de savoir comment ces deux intrus auraient pu être admis ici dans notre résidence privée. Apparemment ils n'avaient aucun rendez-vous. Ils étaient tous deux dans l'église d'où ils ont pénétré dans la sacristie, et là ils ont vu une dame qui les a ensuite dirigés vers la porte barrée qui donne à la résidence. Soit à la porte de la sacristie, où l'on peut sonner, soit à cette deuxième porte qui mène directement à la résidence, ils ont sonné et ont été admis. À mon avis, ils n'auraient jamais dû être admis dans une résidence privée sans rendez-vous particulier et vérifiable.

À partir de là ils se sont aventurés de haut et en large de la résidence pour aboutir au 4e. Ils cherchaient des interlocuteurs pour poser leurs nombreuses questions. Ils ont entendu de la musique chez moi, et ils ont frappé. Je n'étais pas certain d'avoir entendu frapper mais je suis allé vérifier, et les voilà. De loin, Jonathan était le plus agressif, donnant à peine le temps de commencer une réponse avant qu'il intervienne pour déclarer l'infondé à son avis de cette réponse. Samuel était un peu plus sympathique et patient mais au fond partageait les mêmes attitudes que l'autre. Cependant, l'intensité de leur regard et de leur scepticisme craintif me donnait raison de craindre. Il fallait que j'établisse pour ma propre sécurité et sérénité leurs motifs et si l'un ou l'autre représentait un risque ou un danger pour moi-même ou pour autrui.

Ni un ni l'autre a voulu me donner leur nom de famille ni une adresse courriel ou autre coordonnée. J'aurais pu les mettre gentiment dehors sur le champ, mais j'ai décidé de les entretenir. J'ai tenté de leur expliquer qu'ils avaient pénétré dans une résidence privée, et qu'au fond ils n'avaient pas d'affaire à être ici. À leur avis, puisqu'ils étaient tous deux catholiques, l'un d'ici et l'autre de Québec, ils se considéraient en droit d'être ici, même dans une résidence privée. Ils se trompaient, mais néanmoins, j'ai accepté d'entretenir leurs questions, tout en les dirigeant par l'escalier principal vers la sortie au premier. Parmi leurs questions:

À qui appartient cet immeuble?

Comment fonctionne au juste cette organisme d'église qu'est le diocèse?

Dans le monde des affaires il y a toujours des personnes réelles derrière toute société; alors si cet immeuble est vendu, à qui ira l'argent? Il semble clair que pour ces jeunes hommes d'affaires, ils comprennent l'Église catholique comme toute autre société dans le monde, et ils semblent voir le pape et l'évêque comme des pdg d'entreprise avec des titres personnels aux avoirs matériels.

Ils sont tous deux préoccupé de l'apparente "richesse" de l'Église catholique, surtout face aux scandales. Ils ne comprenne pas que dans toute l'Église, ni les immeubles ni les avoirs de toutes sortes n'appartiennet à des particuliers, mais toujours à des sociétés légales dont le but unique et exprès est d'accomplir la mission de l'Église d'évangéliser et de servir l'humanité. Tous les biens et immeubles "appartiennent" à la collectivité des membres de l'Église mais sont gérés par les personnes désignées par les lois locales à cet effet.

Que représente le symbole sculpté d'un cocon de pin suspendu au plafond près de l'ascenseur?

Que représente tous ces symboles architecturaux répandus un peu partout ici dans l'immeuble et dans l'église très ornée?

En voyant le tapis rouge d'un salon, ils ont immédiatement "sauté" sur une forme en triangle répété indéfiniment par rangées dans le tapis tout près de la porte, déclarant: "Hé regarde, c'est le symbole de la pédophilie du FBI." Ils m'ont montré le symbole triangulaire sur leurs téléphones... mais à mes yeux les deux ne sont pas identiques, peut-être avec des similarités - compte tenu de l'universalité du triange, en particulier, - mais pour eux, ils étaient identiques. Leur éducation dans les arts et les lettres semble laisser à désirer.

Nous nous sommes entretenus longuement sur des questions techniques. Le premier en particulier est entrepreneur. Il est fasciné par un escalier unique et remarquable dans un immeuble qu'il a acheté là où il demeure, et a fait plein de recherches pour savoir comment reproduire l'escalier en question qui est entièrement en terrazzo. Il est très frustré de ne pouvoir trouver aujourd'hui quelqu'un ou même une société pour installer un tel escalier en terrazzo.

À partir de cette frustration ces deux jeunes hommes se montrent sceptiques face à l'existence de tous les grands immeubles d'église. Si aujourd'hui il est seulement possible de même envisager la construction d'une cathédrale ou d'une basilique en ayant recours à un ordinateur et des logiciels, alors il est impossible de concevoir comment des "primitifs" d'autrefois auraient pu construire ces grands immeubles au moyen âge. Autrement dit, il aurait fallut que ces gens soient "plus développés" que nous aujourd'hui, mais cela fait problème. Ils ne peuvent comprendre comment on aurait pu construire autrefois ce que est devenu impossible aujourd'hui même avec tous nos progrès technologiques. Ils ne pouvaient pas accepter mon observation que beaucoup des connaissances et métiers courants autrefois ont été perdus.

On peut donner comme exemples les routes, les ponts, et les aquéducs construis par les romains qui continuent d'être fonctionnels de nos jours; sans qu'on puisse nécessairement les reproduire aujourd'hui.

En plus, du point de vue de la "richesse scandaleuse" de l'Église, comment réconcilier ces dépenses extravagantes pour l'édification d'immenses immeubles avec les conditions de vie des gens ordinaire, qui au fond étaient pauvres?

Comment l'Église a pu amasser les fonds nécessaires à la construction, par exemple, d'une cathédrale en même temps qu'il y avait plein de pauvres vivant dans des taudis et de gens qui crevaient de faim? Ils se sont montrés incapables de comprendre la "comptabilité" de multiples lieux, des paroisses à l'époque, où l'evêque du temps aurait passé des années à visiter les paroisse pour "quêter" des fonds pour éventuellement construire une cathédrale.

À l'époque dans les grandes villes, chaque dimanche, les paroisses voyaient de 5,000 à 15,000 personnes qui donnaient chacun et chacune leur $0.10 ou plus. Éventuellement les offrandes ont fini par couvrir les coûts de construction de leur propre église, mais aussi de leur cathédrale où qu'elle soit. Oui, autrefois comme aujourd'hui, il y avait des pauvres, et oui beaucoup de gens, y compris les sociétés de la St-Vincent de Paul rendaient services auprès de ces pauvres. Toutefois, même les pauvres contribuaient généreusement à même de leur pauvreté pour construire leur propre église ainsi que leur cathédrale; car ils y voyaient une valeur qui dépassait leur préoccupations terre à terre, à savoir, leur relation à Dieu et donc la valeur et la nécessité de leurs lieux de culte pour y puiser aux sources de leur foi en Dieu.

Cependant, dès que je tentais d'offrir une réponse ou le début d'une réponse, les deux m'interrompaient, se montraient sceptiques, déclarant qu'ils ne pouvaient rien prendre sur parole, compte tenu des situations scandaleuses actuelles. J'avais à tout moment l'impression d'être devant mes accusateurs et en procès. Je vous assure qu'après une heure et demi avec ces gars je me suis trouvé exténué et vidé. Je me sentais responsable de leur présence continue dans notre résidence; donc, je ne pouvais pas m'en laver les mains, et je décidai de continuer de les diriger peu à peu vers la sortie.

J'ai eu quelques moments de répit quand un évêque s'est adonné à descendre l'escalier principal alors que nous étions là près du petit salon où se trouvait autrefois l'entrée principale. Il s'est entretenu avec eux un bon 15 minutes. Ensuite il y a eu deux réceptionnistes, et un type et son compagnon qui sont arrivés pour une rencontre de la Légion de Marie. Nos deux visiteurs les ont amené voir le "symbole de la pédophilie" dans le tapis du salon.

En fin de compte j'ai fini par réussir à les ramener à l'église en passant par la sacristie. Je leur ai offert ma main et mes souhaits. Il y a une leçon importante à garder vivement à l'esprit et peut-être aussi à poursuivre suite à cette rencontre bouleversante. Nous savons déjà que l'Internet favorise la transmission de données à la vitesse de la lumière. Souvent cette information n'est pas vérifiée ou corroborée et peu contenir des erreurs et même des faussetés. La société en déduit plein de conclusions qui sont alors nécessairement incomplètes ou même fausses. Les journalistes n'aident pas la situation lorsqu'ils publient des reportages basés presque entièrement sur des conjectures ou des idées biaisées et fausses.

Pour toute personne qui croit vraiement en Dieu et vient à connaître personnellement Jésus Christ, et qui donc valorise la présence, les services, et l'existence même de l'Église, il me semble que nous tous nous devons avoir à la portée de la main des données vérifiables pour appuyer nos déclarations. Il reste que compte tenu de toute la masse de l'histoire et de toute la connaissance humaine, cela est un grand défi, sinon un défi impossible. Nous devons quand même essayer. Notre Église doit continuer d'engager davantage dans des lieux de grande envergure toutes ces questions que se pose une société de plus en plus ignorante des faits, et donc, scandalisée, sceptique, et soupçonneuse et qui passe de la colère à l'indignation.

Sinon, je prévois dans un avenir pas trop éloigné le jour où on viendra nous saisir le jour ou la nuit pour nous entraîner dans le parc en face et, là, nous mettre en procès et peut-être même à exécution. Point de vue extrême, allez-vous me dire? Vous n'avez pas vu ni ressenti l'intensité de la crainte, du soupçon, de l'indignation, et de la colère qui "brassaient" dans les esprits très troublés de ces jeunes gens pourtant très intelligents et très compétents dans leurs vies personnelles et leur domaines d'expertise. Les convictions de la culpabilité de l'Église sont à ce point coulées dans le béton chez ces jeunes gens que je doute même qu'un bataillon d'experts avec photos, plans d'ingénieurs, et autres preuves à l'appui pourraient les convaincre ou même ébranler leurs convictions. Il arrive parfois que l'ignorance est intransigeante.

Pour la première fois de ma vie je comprend mieux de façon instinctive comment la "masse populaire" de la révolte de Paris a pu entraîner si rapidement tant de gens, trop souvent innocents, à la guillotine en 1789. Ils avaient les convictions, les certitudes, les rassemblements, le pouvoir collectif, et l'instrument de punition et d'exécution.

Je vous avoue franchement qu'en face de ces émotions intenses et de la "noirceur" de leurs scepticisme et de leurs états d'esprits scandalisés, j'ai eu crainte. J'ai d'abord été dépaysé et dépassé, et peu à peu j'ai trouvé que ma seule option était d'avoir recours au Seigneur au-dedans de moi et d'implorer sa miséricorde. À la fin je me suis trouvé entièrement vidé et exténué, et pour récupérer, en besoin d'écrire, d'abord à mes confrères résidents, puis à ma famille, et maintenant, ici....

Pour notre part, chez nous, nous devrons clarifier avec les employés, surtout les temps partiels, que personne de doit être admis dans la résidence à moins d'avoir un rendez-vous avec quelqu'un de spécifique, et peut-être même vérifier auprès du résident pour voir s'il y a en effet rendez-vous. Sinon, notre résidence cessera d'être un lieu privé et deviendra un lieu public où tout bouleversement devient possible. Quel citoyen sans valable permission admettrait à tout instant l'intrustion d'étrangers dans leur maison et au sein de leur famille? Personne, il me semble.

Je suis encore plus ravi de pouvoir partir en vacances bientôt. Bon été à vous tous, chers lecteurs et chères lectrices.

© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
© 2006-2021 Tous droits réservés Abbé Gilles Surprenant, Prêtre Associé de Madonna House Apostolate & Poustinik, Montréal QC
 

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vendredi 2 juillet 2021

Comment comprendre ce qui s'est passé dans les écoles résidentielles partout au Canada pour que tant d'enfants soient décédés et enterrés dans l'anonymat?

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

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Quelle histoire! Quel choc que de lire les manchette et de voir les reportages sur ces découvertes de cimetières "anonymes" auprès d'anciennes écoles résidentielles au Canada! Comment comprendre ces décès apparemment si nombreux? 

D'abord il faut lire cet article de Josée Legault dans le Journal de Montréal aujourd'hui. Ensuite, on peut faire suite en lisant le communiqué qu'elle a cité de la part de la Société historique du Canada publié hier, le 1er juillet, 2021. 

Première conclusion qui pourtant semble, en fin de compte, évidente à toute personne qui est le moindrement ouverte à la réalité qui nous entoure: depuis le temps de la colonie, nous qui sommes venus d'Europe et d'ailleurs et leurs descendants avons, pour la plupart, considéré les autochtones comme "les sauvages", comme un danger et une menace, et donc à supprimer par tous les moyens. C'est gênant de l'admettre, mais c'est quand même la vérité en général. Il y eût génocide des peuples autochtones, et ce génocide continue aujourd'hui.

Ceci étant dit, il faut quand même distinguer parmi toutes les intentions déclarées mais aussi les paroles et gestes de tous les intervenants depuis que Jacques Cartier ait exploré le Golfe du Saint-Laurent en 1534 et qu'il ait découvert le Fleuve Saint-Laurent en 1535. Il nous faut une relecture plus inclusive de notre histoire collective. 

HISTOIRE DE LA COLONIE ET DES AUTOCHTONES

D'abord, les missionnaires avaient la bonne intention de rencontrer les autochtones et de leur apporter "la Bonne Nouvelle" de Jésus Christ et de la vie éternelle qu'Il est venu sur Terre apporter pour toute l'humanité. Comme nous tous, ces gens voyaient le monde et les autres en regardant par les lunettes de la culture de leur époque qui considérait "les sauvages" comme des "innocents" qui ne connaissent pas Dieu. Eux et ceux qui les ont suivis ont pris du temps pour comprendre que les peuples autochtones connaissaient déjà le même Dieu tout en le nommant différemment. 

Deuxième facteur: "les entrepreneurs" - les gens qui accompagnaient ou qui ont suivi les missionnaires n'avaient, en général, pas du tout les mêmes intentions. Pour eux, ils étaient en quête de profit, et au départ ce fut sous la forme de poissons et de fourrure. Entre autres actions, dans leurs activités de "commerce" ils ont introduit les autochtones à l'alcool. Ce qui fut tragique est que ces gens étaient génétiquement incapables d'assimiler l'alcool; qui en Europe avait fait son apparition graduellement. Les conséquences immédiates furent tragiques et dévastatrices pour les autochtones qui s'adonnaient à la consommation. 

Troisième facteur: "les gouvernants" et "les rois" d'Europe - Il y a eu parmi les divers gouvernants envoyés ici par les rois d'Europe de braves gens qui ont su apprécier les autochtones pour leur dignité et la richesse de leur culture et même de leur religion. Ils furent les gens "de première ligne" qui ont dialogué et participé à l'élaboration d'ententes et de "traités" entre les peuples autochtones et les rois d'Europe. Tout semblait s'arranger pour le mieux pour les deux parties, mais malheureusement ces bons gouvernants furent tous succédés par d'autres qui souvent n'avaient pas la même connaissance des autochtones ni le même respect pour leur dignité, leur identité, leurs cultures, ni leurs droits.

Quatrième facteur: "les rois" et les pays d'Europe - Il est un fait historique que les rois d'Europe se sont tournés vers "le nouveau monde" comme une source potentiellement intarissable de richesses pour pourvoir à leurs ambitions chez eux. L'histoire ne donne pas souvent des indices que ces rois se seraient préoccupé du bien-être des autochtones, sauf peut-être dans leur appui aux missionnaires. Mais les gouvernants et les entrepreneurs pour leur part cherchaient à aquérir des terres et territoires et à s'enrichir, et toute cette activité était au dépends des autochtones. Quand ceux-ci se révoltaient contre l'exploitation, la maltraitance de la nature (e.g. coupe d'arbres, extermination d'espèces d'animaux et de poisson, etc.), les colonisateurs les traitaient d'ennemis à supprimer ou exterminer.

Cinqième facteur: les guerres d'Europe - Les rois d'Europe se faisaient compétition dans "la course à la découverte, à l'exploration, et à l'exploitation du nouveau monde". Leurs dépenses royales les mettaient en besoin de nouvelles sources de richesse, et leur rivalités et compétitions les menaient souvent en guerre entre eux, et ces guerres venaient affecter "le nouveau monde": français vs britanniques vs espagnoles vs portuguais vs hollandais vs italiens, etc. etc. Ici les colonistes exploitaient les rivalités entre tribus d'autochtones pour gagner des alliés dans leurs guerres européennes. Cela eut pour effet d'empirer ces rivalités entre les diverses tribus.

Sixième facteur: les maladies d'Europe - C'est un fait historique établi que les maladies d'Europe ont infecté les autochtones par leur contact avec les Europééns: missionnaires, entrepreneurs, et colons. Les peuples Algonquins vivaient une confédération pacifique parmi leurs 250,000 habitants de la région de l'ouest du Québec et l'est de l'Ontario. Suite aux infections virulentes qu'ils attrapèrent des Européens, dans l'espace d'une génération ils sont passés à seulement 50,000 habitants. Tragédie dramatique! Ce scénario s'est répété ailleurs au pays.... 

Septième facteur: la "convergence" des missionnaires, entrepreneurs, gouvernants, politiques des rois d'Europe, et colons - C'est facile à imaginer la confusion qu'ont dû vivre face à tous ces intervenants aux intentions diverses et souvent contradictoires. Le résultat final, selon la Société historique du Canada fut ce génocide des autochtones. 

LA QUESTION DES ÉCOLES RÉSIDENTIELLES 👈Suivre ce lien à l'encyclopédie canadienne.

1.  LES GOUVERNEMENTS AGENTS DU GÉNOCIDE ?

Au début des années 1800 les missionnaires chrétiens ont établi des écoles, y compris des pensionnats, pour assurer aux enfants autochtones une éducation qui leur permettrait d'améliorer leur situation et leur capacité d'avancer dans cette société désormais dominée par la culture eurocanadienne. Les autochtones désiraient aussi une bonne éducation pour leurs enfants, mais à partir de 1880 le système éducatif mis en place par le gouvernement fédéral de correspondait pas très bien à ce que désiraient les autochtones pour leurs enfants. 

Ce système des écoles résidentielles a eu pour effet, sinon dans chaque cas par intention, d'assimiler ces enfants à la société et à la culture dominante. Le gouvernement subventionnait ces écoles et les églises continuaient d'être chargées de leur opération. À toute évidence, ce sont les gouvernements successifs du Canada, et en quelque sorte aussi, ceux des provinces qui ont porté cette politique de génocide en vue d'éliminer le "danger ou la menace" que représentait la présence des peuples autochtones dès le début de l'ère de la colonisation de ce pays. 

Le fait que le gouvernement à mis à exécution sa politique génocidaire envers les peuples autochtones se voit non seulement dans l'enlèvement des enfants de leurs familles - geste violent d'un conquérant auprès d'un peuple conquis et soumis par force - mais aussi dans cet espèce d'anonymat qui jusqu'à aujourd'hui plane sur les ossements d'enfants morts et ensevelis durant les années d'opération des écoles rédidentielles. À toute évidence on n'avait pas l'intention que ces enfants retournent un jour chez eux. Donc à leur mort on ne les a pas retourné non plus chez leur peuple d'origine. 

2.  LES RELIGIEUX ET RELIGIEUSES MISSIONNAIRES

Pour la plupart, les religieux et religieuses missionnaires étaient de braves gens qui dont la vie était dédié à apporter "la Bonne Nouvelle" du salut offert par Jésus Christ à toute l'humanité. Comme nous tous, ils avaient leurs qualités et leurs défauts, et ils avaient les limites de leur culture, de leur éducation, et de leur "perspective sur le monde et sur la vie". Les personnes qui avaient hérité d'une connaissance limité des autochtones qui fait qu'on les voyaient toujours comme "les sauvages"; alors on ne pouvait pas s'attendre de leur part une très grand respect pour la dignité, la culture, ou la religion des autochtones. Sans doute qu'il y en avaient parmi eux et elles des personnes de plus grande humanité et d'autres de moindre humanité. 

3.  LES SIÈCLES DE PAUVRETÉ ET DE MISÈRE

Aujourd'hui, malgré que nos société ne semblent pas vouloir ralentir notre course vers la destruction de l'environnement de même de la vie sur Terre, nous prenons quand même pour aquis la valeur d'une diète équilibrée. Eh bien, il n'en était pas question avant la deuxième guerre mondiale. Le transport était trop lent et coûteux pour que les fruits et légumes soit très disponibles de l'hiver au printemps. Mes parents ne voyaient pas d'oranges qu'une seule fois par année à Noël, et les générations précédentes, même pas à Noël. 

Durant les années de ces écoles résidentielles, sans doute que les religieux et religieuses eux-mêmes vivaient dans la pauvreté et la misère. Ils n'avaient pas les moyens d'assurer aux enfants qui leur étaient confiés une bonne nutrition; car ils en étaient privés eux-mêmes. Le gouvernement avec sa politique génocidaire n'avait pas l'intention non plus de leur en donner les moyens. Les communautés religieuses vivaient des aumônes données dans les paroisses et aussi auprès des communautés religieuses directement. 

4.  LES GUERRES 

Depuis des siècles il y a presque toujours eu des guerres, et celles-ci mettent d'énormes pressions sur la société civile. Sans doute que toutes les missions, y compris les écoles résidentielles, ont eu aussi à endurer des privations causés par ces contretemps sociaux et économiques pendant tout le temps de leur existence. 

5.  LES PANDÉMIES DES 19E ET 20E SIÈCLES 

C'est un fait établi qu'il y eût des épidémies de tuberculose, de grippe, de variole, de rougeole, de typhoïde, de diphthérie, de pneumonie, de coqueluche, de choléra, et d'autres maladies soit infectieuses ou causées par des conditions insalubres durant toute la période des écoles résidentielles. En particulier il y eut des épidémies de tuberculose entre 1905 et 1920 qui auraient causé beaucoup de morts. Nous savons que de 1918 à 1920 sur les 1,500,000,000 habitants de la Terre, le tiers, ou 500 millions de personnes ont été infectées par la grippe espagnole, dont dix pour cent - soit 50 millions - sont mortes. Sans doute que beaucoup d'enfants résidents dans ces écoles ont dû être parmi ces victimes. 

6.  L'EXPLOITATION DES RELIGIEUX ET RELIGIEUSES 

Les gouvernements successifs du Canada connaissaient très bien ce qui motivaient les religieux et religieuses catholiques et autres - à savoir, le bien commun et le service auprès des personnes pauvres, malades, abandonnées, ou exploitées - et ces gouvernants ne demandaient pas mieux que de confier à ces gens de service et de "première ligne" le soin de s'occuper des enfants autochtones enlevés de leurs familles. Le gouvernement a donc effectivement exploité les communautés religieuses qui pour leur part n'avaient certainement pas de motif de s'enrichir aux dépens des enfants à leur charge. 

Ce sont sans doute les fonctionnaires du gouvernement, entre autres les corps policiers, qui enlevaient les enfants autochtones de leurs familles pour les transporter vers ces écoles résidentielles. On ne peut pas s'empêcher de penser aux trains Nazi en Europe. 

Sans doute qu'une certaine naïveté chez les communautés religieuses on fait qu'ils ont été exploitées en acceptant d'agir en quelque sorte pour le gouvernement et de prendre la responsabilité pour des écoles résidentielles. Lourd a dû être le fardeau de réaliser que le gouvernement ne leur donnait pas les moyens adéquats pour bien s'occuper ce ces enfants. Des témoignages et des récits publiés indiquent que les religieux et religieuses acceptaient d'endurer les mêmes conditions et privations qu'ont souffert les enfants résidents. La tragédie est que les enfants étaient en période de croissance et avaient plus grand besoin de nourriture suffisante, sans parler de vêtements et de chaleur suffisante. 

7.  LA CONVERGENCE DE TOUS CES FACTEURS

On n'a pas besoin d'élaborer des complots martyrisants pour imaginer comment ont pu mourrir ces enfants dans leurs écoles résidentielles. Sans doute que la misère dans laquelle vivait toute la société entre 1800 et 1940 a contribué à la mort de bon nombre d'enfants, moins capables de résister que les adultes qui s'occupaient d'eux.

Ce n'est que depuis le milieux des années 1900 que notre société voit d'un mauvais oeil la discipline corporelle, mais avant notre époque, les familles avaient l'habitude de punir leurs enfants par "la fessée", et ce fut également une pratique normale dans les écoles. Sans doute que l'absence de cette façon de former les enfants chez beaucoup de peuples autochtones a dû aussi aliéner davantage ces enfants enlevés de leurs milieux de vie autochtone. 

Sans doute aussi que le fait d'avoir été enlevés de leurs familles, de leurs peuples, de leur culture, et aussi privés de parler leurs langues... tout cela a dû causer une diminution de leur système immunitaire. Comment pouvaient-ils résister aux pandémies et infections de leurs temps: choléra, grippes, dont la grippe espagnole de 1918-1920? 

Il n'est donc pas difficile de voir comment la convergence de tous ces facteurs, et sans doute d'autres facteurs aussi, a pu causer la maladie, la perte du vouloir vivre, l'escapade, et même la mort de certains enfants résidents dans ces écoles conçues pour extraire et éliminer leur identité autochtone.... 

Nous admirons la survie de ces jeunes qui, maintenant adultes, nous invitent au dialogue... afin d'établir une fois pour toutes la vérité sur notre histoire collective en ces terres créées et mise à notre dispositions collective par le Créateur de nous tous et toutes. Toute personne humaine jouit d'une dignité qui lui est propre, et nous avons tous droit à la participation pleine et égale à tous les niveaux de notre société. Nous sympatisons avec vous pour tout ce que vous avez souffert et enduré, sans pour autant comprendre vraiment l'impact sur vos vies et ce que vous ressentez.... 

Exigeons des enquêtes compréhensives, déterminentes, et aussi indépendentes. Attendons ensuite les résultats de ces enquêtes qui seront sans doute menées dans les mois et peut-être même les années à venir pour établir clairement tous les facteurs qui ont fait que tant d'enfants sont décédés au cours d'environ un siècle et demi de ces résidences, mais aussi pourquoi leurs sépultures furent à toute fins pratiques faites dans le secrèt et l'anonymat; pourquoi ils ne furent par retournées chez eux. 


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Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

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© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
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