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lundi 4 avril 2022

Le cas étrange des vins de Messe bannis de la Province du Québec au printemps 2021

Mon objectif avec ces articles de blogue est de seconder les efforts d'une variété d'écrivains chrétiens et autres dans notre désir commun de partager ce qui nous semble contribuer au bien commun et aussi, directement ou indirectement, rendre gloire à Dieu et étendre son oeuvre de salut auprès de toute l'humanité. G.S.

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        C'est un défi intéressant que de pratiquer et de vivre sa foi dans une société et une culture sécularisée. Prenez, par exemple, la disponibilité du "vin de Messe". Il semble être convenu que jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, ou mettons jusqu'à 1950, les sociétés dites occidentales se voyaient ou étaient vues comme des sociétés "chrétiennes", les descendants de ce qu'on appelait "la chrétienté", où étaient inextricablement mêlées la "cité de Dieu" et la "cité de l'homme", pour employer les catégories de Saint Augustin. 

        Au Québec, jusqu'à récemment et pendant des décennies, les vins de Messes employés par les paroisses, les sanctuaires, et les autres chapelles étaient généralement obtenus des magasins dits "ecclésiastiques" tels que les Desmarais & Robitaille, ou Bertrand, Foucher, Bélanger de Montréal ou encore La Procure Ecclésiastique de la Ville de Québec. Il y en avait d'autres plus locaux dans quelques-unes des autres grandes villes.

        J'ai vu un document indiquant que dans les années 1960 ces magasins étaient pourvus d'une licence de la Régie des Alcools du Québec. Mystérieusement (l'information est difficile à obtenir) dans le demi siècle qui s'est écoulé, ces magasins ont cessé soit de renouveler soit d'obtenir cette licence, ou l'autorité gouvernementale a cessé de s'y intéresser, pour quelque raison que ce soit. 

       Ensuite au printemps 2021 il y eut une plainte quelconque d'abus à quelque part dans la province concernant ce "commerce" de vins "religieux" et il y eut une descente par la Sureté du Québec. Voici quelques liens à la couverture dans les médias le 4 avril, 2021 par La Presse et le 20 avril, 2021 par Présence Information Religieuse

        Quelques 8000 bouteilles de vins de Messe ont été saisies, tandis que d'autres magasins ecclésiastiques n'ont pas été touchés; apparemment ceux-ci ont retourné leurs stocks à leurs distributeurs au Canada, aux États-Unis, ou ailleurs. Le nombre de bouteilles semble énorme, mais en considération qu'aujourd'hui au Québec il y aurait encore 1,782 paroisses, sans compter les sanctuaires et les chapelles; il n'y a pas là de quoi être surpris et certainement pas matière à scandal.

        Alors, pourquoi cette soudaine action policière qui a sévit si sévèrement sur les magasins ecclésiastiques? Y a-t-il eu des gens qui auraient acheté de ces vins de Messe pour une consommation privée? Nous savons que dans certaines religions ou cultures religieuses, ce n'est pas "le prêtre" qui consomme une petite gorgée de vin une fois par jour à un service religieux, mais ça peut être une famille entière ou encore une communauté où chaque personne consomme du vin durant un repas considéré comme religieux, et ce, une fois par semaine. Dépendamment de la grosseur de chacune de ces assemblées, et à toute les semaines, on peut imaginer une quantité annuelle assez importante de vin. Je ne fais ici que spéculer, mais que s'est-il passé au juste pour provoquer cette descente de la SQ dans les magasins ecclésiastiques qui jouissaient jusqu'alors de bonnes réputations?

        Dans mes 40 ans d'expérience comme prêtre catholique romain, même dans une paroisse très fréquentée où il y avait deux célébrations de la Messe chaque jour en semaine et 4 le dimanche, on ne consommait pas une bouteille entière de vin de Messe par semaine. Il n'y a pas ici quoi faire les manchettes.

        Il y a plus de 20 ans, j'étais dans une paroisse où pendant quelques années, la pratique était d'offrir la Communion "sous les deux espèces", c'est-à-dire, de recevoir l'hostie - le Corps du Christ - et une minuscule gorgée de vin - le Sang du Christ. Très peu de paroisses catholiques le font et sans doute aucune de nos jours avec le menace de la Covid. Cependant, même sous ces conditions précédentes et inhabituelles, pas plus d'une bouteille et demie, ou tout au plus deux bouteilles de vin de Messe étaient utilisées par semaine, et ce avec une centaine de gens tous les jours en semaine et 1,500 le dimanche. La majorité des gens ne venaient pas au calice, et ceux qui y venaient se mouillait les lèvres ou offrait leur hostie pour que le ministre la trempe dans le Sang du Christ pour ensuite la leur mettre sur la langue. La grande majorité se contentaient de recevoir Jésus dans l'hostie seulement. Jésus nous vient entier et indivisible dans son Corps et son Sang ressuscité. Jésus est suffisant.

        Les chrétiens de rite oriental et les orthodoxes donne la Sainte Communion sous les deux espèces, mais c'est le prêtre qui trempe le pain consacré dans le vin consacré pour ensuite le déposer dans la bouche ouverte du communiant. Alors, oui, peut-être qu'ils utilisent un peu plus de vin de Messe, mais quand même, il n'est pas ici non plus question de vins en quantités industrielles. Pas de cause de scandal ici non plus.

        Qu'en est-il de la question d'une consommation privée des vins de Messe? Un prêtre parlant pour les évêques du Québec a été cité par un des reportages ci-haut pour avoir dit qu'après son ordination, parmi sa parenté il y en a qui lui auraient dit que désormais il serait payé pour consommer du vin. Alors, un jour il a apporté une bouteille de vin de Messe au repas famililale pour leur en faire goûter. Il n'a jamais plus entendu de telles remarques. C'est que les vins de Messe n'attirent pas l'attention à eux-mêmes. Un véritable vin de Messe est oubliable en tant que vin de table, mais il sert très bien l'objectif de nous référer au Christ.

        Nous manquons toujours d'entendre une réponse à la question, pourquoi le gouvernement du Québec a-t-il cru nécessaire d'envoyer les services policiers saisir les stocks de vins de Messe aux principaux magasins ecclésiastiques sans publier alors ni plus tard les preuves qu'il y avaient eu vente à des personnes non autorisées de vins de Messe pour toute autre raison que les propres fins du culte. Où sont les preuves qu'il y a eu achat de quantités importantes de vins de Messe redirigées ensuite pour la consommation privée et non-autorisée? 

        Si les preuves exitent, alors pourquoi ne l'ont-elles pas été publiées? Pourquoi les personnes coupables n'ont-elles pas été révélées et sanctionnées? Toute cette histoire flotte dans l'air à partir d'une plainte qui demeure non-publiée, à partir de laquelle les autorités ont saisi des stocks de vins de Messe des commerçants honnêtes (jusqu'à preuve du contraire) occupés à la vente et distribution d'accessoires et de provisions pour le culte. Un de ces magasins, qui longtemps jouissait d'une excellente réputation même internationale - Desmarais & Robitaille - a fermé ses portes il y a une décennie environ. C'est se rende compte qu'il n'y a pas là de quoi faire fortune; d'autant plus que les églises de nos jours sont presque vides.

        J'ai vu un document indiquant qu'il y a 50 ans ou plus ces magasins étaient pourvus d'une licence pour la vente des vins de Messe de la part de la Régie des Alcools. Qu'en est-il advenu de ces licences et pour quelles raisons n'ont-elles pas été renouvelées? 

        Les autorités de l'Église au Québec ont fait de leur mieux pour collaborer avec le gouvernement pour trouver une solution à toute fin pratique. Quelle est cette solution? On a publié une liste de 7 vins dits naturels recommandés comme suffisants aux normes requises selon le droit canon de l'Église. Tous les vins de Messe distribués précédemment en provenance de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de la France, de la Californie, ou d'ailleurs ont tous été bannis. Apparemment la SAQ n'a ni l'intention ni l'intérêt d'importer, de garder en entrepôt, ou de distribuer ces vins produits, embouteillés, et distribués pour la célébration de la Sainte Messe. Le gouvernement lui aussi n'aurait aucune intention ni intérêt à renouveler les licences autrefois accordées à ces magasins ecclésiastiques.

        Quelle situation étrange. Qui peut la comprendre? On peut trouver et acheter plein de vins et aussi plein de bières dans le dépanneur même le plus dégueulasse. On y trouve même des vins à peine buvables. Mêmes les stations à essence muni de dépanneur en font aussi la vente - sans parler des ces boissons à cafféine qui apparemment risquent de causer des accidents et même la mort - pas de problème. Mais peut-on retrouver l'accès à nos vins de Messe familiers et appréciés? Jamais de la vie! Expliquez-moi ça.

        Sans doute que des prêtres avec le palait "mieux raffiné" que moi sauront préférer l'un ou l'autre de ces 7 vins désormais les seuls recommandés pour la Sainte Messe au Québec et distribués par la seule SAQ. J'en ai essayé 4 des 7 et je vous avoue être très désappointé. Ce sont sans doute de bons vins pour la table, encore une fois à matière de goût, pour accompagner divers mets en diverses occasions, mais ils ont beaucoup "trop de caractère" à mon goût pour bien servir à l'autel. Quand je célèbre la Sainte Messe, le bon vin de Messe n'attire pas l'attention à lui-même, mais de façon subtile il renvoit plutôt à Celui qui s'en sert pour nous faire don de Lui-même, Jésus Christ.

        Ces vins que désormais nous sommes contraints à utiliser attirent tous beaucoup trop l'attention à eux-mêmes, en sorte qu'on ne peut pas éviter de telles pensées que: "Où est le fromage qui doit accompagner cela?" ou encore "Où est le plat principal qui voudrait être accompagné par ceci?" Peut-être que les prêtres qui n'auront connu que ces vins ne s'en feront pas de cas, mais ils ne connaitront pas ce qu'ils auront manqué. Nous qui avons été apprivoisés par les "Mont des Oliviers" du Portugal ou par les divers vins Cribari ou de La Salle Vineyards de Californie, nous savons ce que nous avions, ce que nous avons perdu, et ce que nous regrettons que nous n'aurons plus jamais.

        Je comprends très bien qu'aujourd'hui, quand le monde et nous aussi dans ce monde continuons de souffrir en solidarité avec le peuple dévasté de l'Ukraine et aussi le peuple de la Russie qui peuvent en être aussi troublés que nous; que dans ce monde et en ce temps, que cette question des vins de Messe que je soulève pourrait sembler insignifiante, et pour certains, peut-être même scandaleux. Cependant, quand la poussière de la guerre passe, la vie doit continuer. N'est-ce pas l'un de nos droits, en tant que citoyens d'une société où les citoyens jouissent des droits humains fondamentaux, que nous pouvons exprimer nos pensées et nos sentiments sur les grandes mais aussi sur les petites questions de la vie?

        Alors, puisque la SAQ se vante d'importer de bons vins de partout dans le monde, pour quelle raison cette action policière soudaine? Serait-ce un autre clou dans le cercueil en voie de préparation par l'état pour les derniers vestiges de la foi dans une société et une culture qu'il veut à tout prix entièrement séculière? D'abord, ce fut la désintégration des commissions d'écoles religieuses - et pour cela il a fallu amender la BNA (British North American Act) par laquelle acte du parlement britannique le Canada fut fondé le 29 mars 1867. Ensuite, il fallait faire disparaître les crucifix des institutions reliées de près ou de loin au gouvernement. Il y a un an, ç'en fut fait des vins de Messe, traitant les pourvoyeurs d'accessoires et de fournitures ecclésiastiques presque comme des criminels par la saisi de leurs stocks de vins de Messe. On aurait pu les avertir et exiger qu'ils retournent leurs stocks pour se faire rembourser, les traitant ainsi comme des citoyens responsables. Mais non, ils ont eu droit au traitement qu'on réserve aux gens soupçonnés de crimes contre la société et le bien ou la sécurité publique.

        Quelle sera la prochaine étape, la prochaine suppression? Si notre état choisit de continuer d'imiter nos voisins américains, nous perdrons l'opportunité d'apprendre la leçon qu'ils ne cessent de réapprendre malgré eux. Une fois Dieu et sa Bible éliminés de leurs écoles, le vide fut aussitôt rempli par les couteaux, les fusils, les drogues, et les massacres en masse. Pourtant, ils refusent toujours d'en prendre leçon. Ferons-nous de même?

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© 2006-2021 All rights reserved Fr. Gilles Surprenant, Associate Priest of Madonna House Apostolate & Poustinik, Montreal  QC
© 2006-2021 Tous droits réservés Abbé Gilles Surprenant, Prêtre Associé de Madonna House Apostolate & Poustinik, Montréal QC
 

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